Quand la modernité s'impose au patrimoine, jusqu'où peut-on aller ? C'est la question que se posent de nombreux habitants de Saint-Martin de Seignanx depuis la présentation, dans le magazine municipal, du projet de réhabilitation de la chapelle du Quartier Neuf. Un dossier à 1,4 million d'euros qui divise autant qu'il interroge.

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Le cabinet d'architectes mandaté propose une transformation assez radicale : extension en bois, "fenêtre sur la rue", mise en lumière nocturne, nef contemporaine attenante à la nef patrimoniale. L'objectif ? Créer un "tiers-lieu culturel" résolument moderne, ouvert à toutes les expressions artistiques.

Sur le papier, l'intention séduit. Mais les visuels dévoilés provoquent un malaise croissant. La façade historique de la chapelle disparaît littéralement derrière un volume contemporain massif qui devient la nouvelle signature du lieu.  La question se pose alors simplement : où est passée la chapelle ?

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Ce projet s'inscrit dans une série d'investissements conséquents : après la médiathèque l'Anima, avant la rénovation de la salle Camiade. la chapelle accueillerait concerts, expositions, spectacles, résidences d'artistes, projections... Un programme qui fait écho à des équipements déjà existants ou en cours de construction.

Coût estimé : 1,4 million d'euros, hors équipements techniques, hors fonctionnement annuel, hors entretien sur le long terme. À l'heure où chaque euro public compte, plusieurs habitants s'interrogent : était-il vraiment nécessaire de transformer une chapelle en salle culturelle ?

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Une concertation citoyenne... introuvable

La municipalité met en avant sa démarche participative : un conseil citoyen (4 élus, 4 techniciens, 4 habitants tirés au sort), une réunion publique. Sur le principe, l'intention est louable. Dans les faits, la réalité interpelle.

Combien d’habitants étaient au courant de cette réunion publique ? Qui, en dehors des 4 habitants tirés au sort, a pu donner son avis ? Quels retours ont réellement été intégrés au projet ? Comment un projet aussi structurant peut-il avancer aussi vite avec si peu de débat public ?

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Les habitants découvrent aujourd'hui un dossier quasi bouclé : permis de construire déposé en octobre 2025, travaux prévus pour l'hiver 2025-2026. La concertation, dans ces conditions, ressemble davantage à une validation a posteriori qu'à une co-construction citoyenne. Pour un patrimoine aussi symbolique, une discussion ouverte, large et transparente s'imposait. Elle n'a pas eu lieu.

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Personne ne conteste l'intérêt de faire vivre nos espaces patrimoniaux. Personne ne s'oppose à l'idée d'une offre culturelle dynamique. Mais transformer une chapelle en « boîte scénique modulable » n'est pas un geste anodin. Une chapelle n'est pas une salle parmi d'autres. C'est un fragment d'histoire collective, un repère silencieux, un lieu chargé de mémoire. Moderniser, adapter, ouvrir : oui. Dénaturer au point de rendre le lieu méconnaissable : non.

Le risque est réel : qu'en voulant tout faire, on perde l'essentiel. Que le "tiers-lieu culturel" devienne un espace générique, interchangeable, vidé de sa singularité. Que la chapelle ne soit plus qu'un décor, un prétexte architectural, un souvenir noyé dans le béton et le bois.

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Que demande l’association Saint-Martin cœur de Seignanx ?

Ce n'est pas le principe d'un lieu culturel qui est remis en cause. C'est la manière dont il est pensé, imposé, présenté. Les habitants attendent :

• Une vraie concertation, pas une validation symbolique de décisions déjà actées

• Le respect du caractère patrimonial de la chapelle, qui fait partie de l'identité communale

• Une cohérence budgétaire dans les investissements culturels

• Un projet qui dialogue avec l'histoire du lieu, plutôt qu'il ne s'y substitue​

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Réhabiliter un patrimoine, c'est le transmettre enrichi, pas le transformer au point de le rendre méconnaissable. La culture doit s'inscrire dans l'histoire d'un lieu, non l'effacer.